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des eaux de pluie tombées dans son bassin ; l’immense Mississipi n’en roule tout au plus que la dixième dans son vaste lit.

Nous avons vu que les lacs régularisent le niveau de leurs affluents en retenant le surplus de la fonte des neiges pour le déverser plus tard pendant la sécheresse ; cependant ce débit de leurs eaux subit des variations assez considérables que viennent compenser heureusement les affluents d’eau de pluie. En effet, dans les régions tempérées, ceux-ci subissent également des variations ; mais ces variations étant précisément inverses de celles que subissent les affluents d’eau de neige, le niveau du fleuve reste à une hauteur à peu près normale. Les affluents d’eau de pluie diminuent de volume à l’époque où grossissent les affluents descendus des glaciers, c’est-à-dire en été ; en hiver et au printemps, au contraire, les glaciers ne donnent que très peu d’eau, tandis que les pluies inondent la plaine et remplissent les rivières jusqu’aux bords ; c’est ainsi que la crue d’un affluent fait équilibre à la sécheresse de l’autre. On a souvent cité l’exemple du Rhône et de la Saône ; pendant les chaleurs de l’été, celle-ci roule en moyenne cinq fois moins d’eau qu’en hiver ; de son côté, le Rhône est beaucoup plus élevé dans la même saison ; mais quand il a opéré sa jonction avec la Saône, la hauteur moyenne de ses eaux est à peu près la même dans toutes les saisons de l’année.

Après avoir reçu ses affluents d’eau de pluie, le fleuve descend généralement en droite ligne vers la mer, rappelant ainsi le tronc élancé de l’arbre que forme la réunion de toutes les branches latérales. Enfin