Page:Reclus - Étude sur les fleuves, 1859.djvu/13

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précipite est inclinée vers le lac Érié, et, par suite, le niveau du lac Érié lui-même baisse dans la même proportion ; quand la cataracte aura reculé jusqu’au lac, celui-ci se desséchera tout entier, à moins pourtant qu’il n’ait déjà été rempli par l’énorme quantité de sédiment que lui apportent sans cesse les ruisseaux et les torrents.

Maintenant suivons le cours de ce fleuve qui vient d’émerger du lac d’eau douce. Dans la partie supérieure de son cours, il a déjà reçu tous les torrents des montagnes provenant de glace ou de neige fondues ; dans la partie moyenne et souvent, mais non pas toujours, dans la partie inférieure il va recevoir des affluents d’un autre genre, ceux qu’auront formés les pluies du ciel. Un grand nombre de fleuves même reçoivent seulement de l’eau de pluie ; et quand on pense à la masse d’eau qu’ils roulent dans l’espace d’une seconde, on se demande avec étonnement comment les nuages peuvent verser assez d’eau pour les alimenter. Et pourtant ces vastes courants ne reçoivent qu’une faible proportion des eaux de pluie qui tombent dans leur bassin : une grande partie de ces eaux pénètre dans le sol et sature les terres spongieuses ; une autre est absorbée par la végétation et sert avec l’ammoniaque et les sels qu’elle tient en dissolution à former les tissus des plantes ; une autre encore est immédiatement vaporisée par la chaleur du soleil avant qu’elle soit allée grossir la masse du fleuve. Celui-ci ne reçoit donc que le résidu des eaux de pluie, ce qui n’a pas disparu dans le sol, dans les plantes ou dans l’atmosphère. On a calculé que la Seine à Paris ne contient que la septième partie