Page:Reclus - Étude sur les fleuves, 1859.djvu/16

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ver une singulière unité de plan. L’Asie, dont le plateau central est occupé par plusieurs bassins fermés, est surtout remarquable par ses trois systèmes de fleuves-jumeaux, le Hoang-ho-Yant-se-Kiang, le Gange-Brahmapoutra et le Tigre-Euphrate. Dans chacun de ces couples, deux fleuves prennent leur source dans le même système de montagnes à côté l’un de l’autre, puis s’éloignent dans les directions opposées, et après avoir fait un vaste demi-cercle à travers le continent, reviennent l’un vers l’autre se perdre dans le même delta. Ce qui augmente encore l’analogie qu’ont entre eux ces doubles fleuves, c’est qu’ils déversent respectivement leurs eaux dans chacune des mers situées à l’orient des trois péninsules méridionales de l’Asie ; le Shat-el-Arab dans le golfe Persique, à l’orient de l’Arabie ; le Gange, dans le golfe du Bengale, à l’orient de l’Inde ; le système des fleuves chinois dans l’océan Pacifique, à l’orient de l’Indo-Chine. Cependant nous devrions encore admettre un quatrième système de fleuves accouplés, l’Indus-Sutledj, qui forme la limite occidentale de l’Hindoustan ; les deux confluents unissent leurs cours, il est vrai, à une assez grande distance de l’embouchure, mais leur cours inférieur a tout à fait le caractère d’un delta errant sans cesse à la recherche d’un nouveau lit. L’Indus et le Sutledj probablement séparés autrefois, se sont réunis par suite de l’allongement considérable du delta commun formé par leurs alluvions. Du temps de Néarque, les bouches du Tigre et de l’Euphrate qui étaient à une bonne journée de marche l’une de l’autre, s’unissent de nos jours sur une assez grande distance