Page:Reclus - Étude sur les fleuves, 1859.djvu/17

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et forment le Shat-el-Arab. Ainsi, nous pouvons compter l’Indus et le Sutledj parmi les doubles fleuves, puisque leurs sources sont très rapprochées l’une de l’autre, la direction de leurs eaux tout à fait distinctes et leur embouchure commune. Les sources de ce quatrième groupe de fleuves descendant du massif de montagnes qui donne naissance au Gange et au Jarun-Tsamobo ou Brahmapoutra, on voit au nord de l’Indoustan un double système de fleuves accouplés qui se rejoignent presque entièrement par leurs sources et isolent la péninsule d’une manière complète. Partis du même point, ces quatre fleuves, les plus considérables de l’Inde, obéissant ainsi à la double loi de l’harmonie et du contraste, prennent des directions opposées l’une à l’autre, puis, après d’énormes circuits, se réunissent deux à deux, l’Indus-Sutledj à l’occident, le Gange-Brahmapoutra à l’orient. Ce sont les quatre animaux de la légende indoue, l’éléphant, le cerf, la vache et le tigre, qui, du haut d’un même pic de la montagne sacrée, bondissent vers les plaines vertes de l’Indoustan.

En Europe, les Alpes et les chaînes de montagnes qui s’y rattachent déterminent le caractère du système des eaux. — Des flancs du Saint-Gothard, centre du massif des Alpes, s’échappent, sans compter la Reuss, trois fleuves, le Rhin, le Rhône et le Tessin, qui vont se perdre dans trois mers opposées l’une à l’autre : la mer du Nord, la Méditerranée et la mer Adriatique. Deux autres cours d’eau, sans descendre du Saint-Gothard lui-même, prennent leur source dans sa proximité : ce sont l’Adige et l’Inn, rivière beaucoup plus