Page:Reclus - Étude sur les fleuves, 1859.djvu/24

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du côté de la mer du Sud sont pauvres en courants d’eau ; on a calculé que le Colorado, la rivière la plus importante de ce versant après l’Orégon, roule une masse d’eau soixante-dix fois moins considérable que le Mississipi ; et dans l’Amérique du Sud, les torrents du Pérou et du Chili auraient à peine le titre de ruisseaux sur les bords du gigantesque Marañon.

Autre fait remarquable, les rivières sont d’autant plus abondantes qu’elles coulent dans des pays où elles sont plus nécessaires. Dans les régions de la zone torride où la chaleur du soleil est si intense, toute végétation deviendrait impossible et toute vie serait condamnée, si l’air brûlant n’était pas saturé d’humidité. Or, toutes choses étant égales d’ailleurs, la quantité de pluie est proportionnelle à la chaleur du soleil ; les fleuves des régions tropicales roulent, par conséquent, une masse d’eau beaucoup plus considérable que ceux des zones tempérées, et pendant les saisons de sécheresse fournissent par l’évaporation l’humidité nécessaire à l’atmosphère. C’est ainsi que l’Orénoque roule en proportion, si nous comparons la superficie des bassins, quatre fois plus d’eau que le Mississipi. Quant à l’Amazone, dont le cours n’est pas aussi long que celui du Missouri-Mississipi, et dont le bassin n’est que double, sa masse d’eau est égale à celle de six Mississipi ; aussi, lors des pluies périodiques, son lit couvre-t-il 200 kilomètres de large.

Après avoir décrit les fleuves et leur distribution sur la surface des continents, il nous reste à parler de leurs fonctions dans la vie du globe. On a souvent dit qu’un paysage ne peut être vraiment beau quand il lui