Aller au contenu

Page:Reclus - Correspondance, tome 1.djvu/96

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

déverser à la fois dans deux mers, etc. Que dis-tu du plateau d’Ambato où les saisons sont superposées plus que partout ailleurs et où, d’un même coup d œil, on peut embrasser les flots bleus du Pacifique et les torrents qui descendent vers l’Amazone… Là, point de passeports et de gendarmes, et, si je ne me trompe, de braves gens fort peu yankees. Autre raison concluante : de Nouvelle-Orléans à Vera-Cruz, 25 piastres ; de Nouvelle-Orléans à Chagres, 25 piastres ; de Chagres à Darien, supposons rien pour mieux nous entendre. De Darien à Bogota, pedibus, joie, tourteaux de maïs, aboiements à la lune et plaisirs pantagruelesques… Mexico viendra plus tard. Qu’en dis-tu ?

Mannering n’a encore rien trouvé. Il ne voudrait pas d’un travail facile et par conséquent ne trouvera rien du tout. Il fait son éducation, qui est un peu longue du reste.

Ce que tu dis du vomito yankee est d’une justesse profonde. Dans ce vomito, on ne vomit pas ses entrailles, on vomit son esprit, son cœur, on se vomit soi-même. Il ne reste plus de vous que quelque chose de flasque comme une outre vide qui aurait été ci-devant remplie de Val de Penas. De plus la maladie est chronique.

Ainsi, frère de mon âme,
Elisée.