Page:Reclus - Examen religieux et philosophique du principe de l’autorité.djvu/11

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moi, il n’y a que néant et injustice. Car la justice n’est que l’harmonie avec la loi, et la loi n’est que l’expression de l’autorité. La loi, c’est la volonté du législateur, et la Volonté pure est en dehors de la justice, elle est arbitraire. Si Dieu avait voulu que le bien fût mal, le bien serait mal, et le mal serait bien.

L’autorité rend justice la plus violente injustice. Quand Jéhovah ordonnait de massacrer en masse les habitants de Canaan, il donnait un ordre que trouver mauvais serait un crime.

La loi ne peut être discutable, la loi ne saurait être que juste. La loi n’est pas loi en raison de sa justice ; au contraire, elle est juste, parce qu’elle est la loi.

XII. L’autorité étant la négation de la liberté, son exposé commence et finît par la négation de la liberté. Cette négation a bien plus de force logique, maintenant que l’autorité vient d’éliminer la raison et la justice ; tandis que la liberté ne peut vivre que de la vie de l’amour et de l’intelligence.

L’autorité est donc à elle-même liberté suprême, et aux autres nécessité suprême.

XIII. Autant les apologistes vulgaires de l’autorité et ceux de la liberté se sont entendus pour confondre les deux termes, autant nous nous efforçons de maintenir leur distinction. Si Bahal est Dieu, servez-le ; si c’est l’Éternel qui est Dieu, aimez l’Éternel.

Le relatif n’a qu’une valeur relative. Or, le relatif est précisément ce qui a besoin de loi. Qu’il y ait des autorités relatives, qu’il y en ait tant et plus, il faut que de délégation en délégation l’homme puisse remonter à la souveraineté dernière, de laquelle nul ne puisse appeler