Page:Reclus - Examen religieux et philosophique du principe de l’autorité.djvu/12

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et dire : Je te brave ; devant laquelle toute volonté se prosterne, comme l’herbe se courbe sous le vent. Sous peine de suicide, l’autorité doit écraser tout ennemi ; si l’autorité n’est pas force contraignante, elle ne sera plus autorité. Ce qui veut dire que l’autorité a la force pour essence, c’est-à-dire la nécessité.

Or, l’autorité relative n’est pas autorité. Car en tant que relative, elle ne peut engager l’homme que relativement, donc elle ne saurait le contraindre, donc elle laisse l’homme libre.

On est esclave, ou on ne l’est pas.

La liberté relative non plus n’est liberté. Dès qu’il y a contrainte, il n’y a plus de liberté. Tel est attaché à un arbre, ne serait-il lié que par une corde fine et lâche, ne serait-il lié que par une très-longue corde, certainement il n’est pas libre. Tel a les mains liées derrière le dos, pût-il se promener par le monde entier, il n’est pas libre.

On est libre, ou on ne l’est pas.

Autorité, liberté relatives, ne sont que des idées relatives. L’une et l’autre ne sont qu’un balancement entre les deux extrêmes et les deux contraires, qu’un compromis entre le Oui et le Non, qu’une absurdité continue. L’autorité et la liberté relatives sont les fruits adultères de l’union de la Liberté et de la Nécessité, de l’Être et du Non-Être.

Le relatif est menteur, il n’y a de vrai que l’absolu.