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GÉOGRAPHIE.

De Lyon à la Méditerranée, le Rhône, courant au sud, baigne Givors, ville industrielle, puis lèche de sa rive droite les assises les plus basses du Pilat, tandis que sa rive gauche touche Vienne, où sont encore debout quelques monuments élevés par Rome. En aval de Vienne, des collines de la rive droite, coule un vin généreux, le cru de la Côte-Rôtie, muri dans les clos d’Ampuis, près de Condrieu.

Le fleuve rencontre ensuite Tournon, dont le collège eut 2 000 élèves ; Tain, qui possède le glorieux vignoble de l’Ermitage, le premier de la « Côte du Rhône » ; et la ville de Valence. Peu à peu, de détour en détour, entre les monts de l’Ardèche et ceux de la Drôme, le ciel devient plus clément, les teintes plus chaudes. Vers Beauchastel, près de la Voulte, apparaissent les premiers oliviers. Le Rhône laisse à droite Rochemaure, son volcan éteint de Chenavari et son funeste plateau de Pujaut, où apparut d’abord le phylloxéra, en 1865 ; il laisse à gauche Montélimar. Bientôt, après avoir passé devant l’épiscopale Viviers, qui donna son nom au Vivarais, vers Donzère et Bourg-Saint-Andéol, on sent qu’on entre tout à fait dans le clair Midi. Là s’acheva le Rhône, sur un golfe de la mer qui pénétrait dans le continent de France, ayant à l’occident les Cévennes, à l’orient les Alpes ; les plaines du Comtat et celles de Tarascon-Beaucaire sont une vieille Camargue.

Au Pont-Saint-Esprit, le fleuve frappe avec violence les piles d’un pont de 21 arches (xiiie siècle) qui a 840 mètres ; il passe à quelques kilomètres d’Orange, ville à monuments romains, puis coule devant Avignon, dans une plaine aussi féconde que belle qui voit le Ventoux, les monts de Vaucluse, le Lubéron, et qui boit les canaux de la Sorgues et de la Durance. Sans le mistral, Avignon serait un Paradis Terrestre. Au-dessous de cet ancien séjour des papes, il sépare Tarascon de Beaucaire, dont jadis la foire attirait les trafiquants de tous les pays de la Chrétienté comme de l’Islam. C’est à Fourques, près d’Arles, que