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GÉOGRAPHIE.

toutefois la rapidité des voyages ne fait pas de nos fils une tourbe si nomade qu’elle n’aura ni patries, ni préférences, et que nul n’y portera la marque d’un sol ou l’empreinte d’un climat.

« La vulgarité prévaudra » sur cette Terre où les monts s’émiettent, où les lacs se comblent, où les cascades s’usent, où les forêts tombent, où les nations meurent, où l’humanité vieillit.




CHAPITRE VII

RELIGIONS : CATHOLIQUES, PROTESTANTS, JUIFS


Il y a chez nous près de trente-six millions et demi de catholiques, cinq à six cent mille protestants, et moins de cinquante mille juifs. La France est donc essentiellement catholique ; elle a beaucoup moins de protestants qu’il ne tomba de Huguenots sur les champs de bataille et dans les mille et mille sièges de nos guerres de religion, durant les règnes sanglants des derniers Valois. Sans la révocation de l’Édit de Nantes, ceux qu’on appelait alors les soi-disant réformés seraient bien plus du soixante-dixième de la nation : ils rempliraient des villes, des cantons dont ils ont presque disparu.

Les protestants se divisent en calvinistes, en luthériens, en dissidents. Les calvinistes habitent surtout le Midi et le Sud-Ouest, les luthériens autour de Montbéliard, la seule ville de France où les non-catholiques aient la majorité. C’est dans les Cévennes, là même où les Huguenots bravèrent longtemps Louis XIV, à l’ouest et au nord de Nîmes, qu’il y a le plus de protestants :