temples, ares de triomphe, débris de forums, de prétoires, maisons, citernes, murailles dont on ne sait ce qu’elles furent, inscriptions, fûts de colonnes, chapiteaux, statues, pierres tumulaires. L’Afrique française est pleine de débris du temps des Césars, surtout des Antonins et de Septime-Sévère. Sur un sol qui renverse les édifices par ses tremblements de terre, mais sous un ciel qui les épargne et qui les dore, au milieu d’un peuple qui dédaigne de bâtir, des villes célèbres sont arrivées jusqu’à notre siècle presque intactes, ou du moins telles que les trouva le lendemain de leur destruction ; mais depuis 1830 les colons, ignorants, insouciants, brutaux, et d’ailleurs pauvres et pressés de bâtir, leur ont fait plus de mal que les Berbères et les Arabes en mille années. Il y a peu de monuments romains à l’ouest d’Alger, très peu à l’ouest d’Oran et au delà de la Malouïa dans le Maroc. Les maîtres du monde avaient dompté toute l’Afrique du Nord, mais ils colonisèrent peu l’Occident du Tell. Le pays d’Annibal, des Asdrubal, de Massinissa, de Jugurtha, Carthage, le littoral de Tunis, la Medjerda, la Seybouse, les plateaux de Constantine, voilà l’Atlantide historique et monumentale. De l’est à l’ouest, le Tell était de moins en moins romain ; il est aussi de moins en moins arabe et de plus en plus berbère.
Il n’y a que douze kilomètres de Lambessa à Batna, ville qu’on a quelque temps essayé de nommer la Nouvelle-Lambèse : Batna (1 021 mètres) est sur la route la plus courte entre la Méditerranée et les meilleures oasis du Sahara français, à distance à peu près égale entre Constantine et Biskara, en vue du beau Touggourt ou Pic des Cèdres (2 100 mètres).
L’Aurès, que les colons peu à peu cernent, mais qu’ils sont loin d’avoir conquis, est à la veille d’avoir sa forteresse, à Médina, par 1 400 mètres environ d’altitude : sa Qui qu’en Grogne, comme auraient dit nos aïeux, qui appelèrent ainsi des donjons bâtis pour opprimer. Cette citadelle sera là pour empêcher une révolte