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ALGÉRIE.

Il a deux branches mères : la plus longue, le Chélif des Steppes, arrive du sud, du Djébel-Amour. Elle coule, quand elle coule, sur des plateaux qui ne sont point Tell, bien que séparés du Désert par la montagne, qui ne sont pas Désert non plus, bien que séparés du Tell par de hauts massifs de l’Atlas ; elle serpente, en un mot, sur les Steppes. L’un des petits oueds qui la forment arrose le vallon d’Aflou (1 350 mètres) ; elle passe à Taguin, puis près de Zerguin qui lui fournit une source de 200 litres par seconde, et va s’unir au Nahr-el-Ouassel en aval de Chabounia, par 685 mètres.

Le Nahr-el-Ouassel (mot à mot le Fleuve naissant) passe pour être moins sec que le Chéliff des Steppes ; quand il se confond avec l’oued du Djébel-Amour, il n’a parcouru que 165 kilomètres, 100 de moins que son rival. Il commence aux environs de Tiaret, ville à 1 090 mètres d’altitude, par l’oued des Soixante-dix Sources (Sebaïn Aïoun) ; puis il court vers l’est, longeant de loin par sa rive gauche les hautes montagnes de Thaza, et de près par sa rive droite un raide escarpement : si l’on gravit ce haut talus, tantôt pente et tantôt paroi, l’on entre dans une plaine immense, barrée à l’horizon du sud par le Nador et les monts crétacés de Goudjila et de Chellala : c’est le pays des tourbillons de poussière, c’est le fauve Sersou, qui n’a pas de colons, mais il en aura : bien qu’au midi des chaînes telliennes, il est Tell.

Le Chéliff entre dans le Tell au pied de la falaise de Boghar, par moins de 500 mètres d’altitude. De ce bourg de Boghar, à 500 ou 600 mètres au-dessus du fleuve, 1 050 ? au-dessus des mers, la vue règne sur des montagnes confuses, des plateaux, des vallées, et se perd au midi dans l’infini du Steppe ; comme on l’a dit, Boghar est le Balcon du Sud. Parfois étreint par des gorges, parfois errant amplement dans des plaines, le fleuve coule désormais dans la plus longue vallée de l’Algérie ; grande route entre l’Ouest et l’Est. Il baigne tantôt la lisière des montagnes qui rattachent le cap de Boghar au