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GÉOGRAPHIE.

nœud de l’Ouaransénis par des pics de 1 500 à 1 804 mètres, tantôt le pied de la chaîne d’entre Chéliff et Métidja. Il lèche des berges terreuses trahissant la profondeur des alluvions de cette vallée qui deviendra sans faute un des greniers de l’Afrique Mineure. Ses eaux, rares en été, violentes pendant les pluies, louches en tout temps, arrosent la plaine d’Amoura, dominée à l’orient par le massif qui porte la saine et fraîche Médéa, bâtie à 927 mètres, entre des vignobles déjà célèbres.

Plus bas, d’Affreville, cité naissante, on voit se lever abruptement au nord le Zaccar ; et à mi-montagne, à 8 ou 9 kilomètres par une route à grands lacets, à 740 mètres d’altitude, se montre la paisible Miliana. Sous un climat tempéré, les vignes qui l’entourent font un vin généreux, et les flancs du Zaccar lui versent, au fort même de l’été, 300 litres par seconde, eau limpide qui s’élance d’usine en usine vers le bas-fond d’Affreville. De Miliana, mieux encore des deux Zaccar, qui règnent au-dessus d’elle, on admire un entassement de montagnes que regarde l’Œil du monde.

En aval de Duperré, le fleuve côtoie le mont Doui (991 mètres), puis, à la lisière de la forêt de thuyas des Béni-Rached, à 2 kilomètres en aval du confluent de l’Oued-Fodda, torrent qui passe au pied de l’Œil du monde, un barrage l’arrête au fond d’un étranglement : de colline à colline, la digue a 12 mètres de hauteur, 14 de largeur à la base, et les eaux reculent à 4 ou 5 kilomètres en amont. Cette réserve permet d’irriguer 9 000 hectares dans le poudreux bassin d’Orléansville.

Orléansville a quelque avenir : c’est la cité médiane entre Alger et Oran, le centre de la vallée du fleuve. Le Chéliff n’y est plus qu’à 140 mètres au-dessus de la mer ; sur lui repose la richesse du pays, ses irrigations seules peuvent en rafraîchir le sol calciné, le torride climat. De cette ville dont on boise les brûlantes collines, le fleuve court à la mer en suivant le pied méridional du Dabra, très hautes collines ayant pour cimes culminantes des