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ALGÉRIE.

14 000 Maltais ; également nombreux dans la ville d’Alger, ils ne fournissent pas de colons dans le sens élevé du mot, et sur les 140 000 cultivateurs européens de l’Algérie, on compte fort peu de Maltais ; on les trouve presque tous dans les cités comme bateliers, portefaix, bouchers, aubergistes, cafetiers, boutiquiers. Par leur religion ils tiennent aux Français, par leur langue aux Indigènes ; car, s’ils sont catholiques, ils ont pour parler maternel un arabe corrompu.

Les 6 000 Allemands, dispersés dans les trois provinces, se divisent entre les champs et les villes. Avec les Italiens ce sont ces excellents colons qui sollicitent le plus la naturalisation française.


Les Franco-Africains ou, plus harmonieusement, les Africains, ou encore les Algériens, c’est-à-dire les colons nés dans l’Atlantide et faits à son soleil, forment déjà plus du tiers des Européens. En 1859, ils étaient 20 800 seulement ; en 1856, on en comptait 33 500 ; en 1866, il y en avait 72 500, et un peu moins de 100 000 en 1872. Ils sont aujourd’hui plus de 130 000, dont 64 500 Français ; bientôt ils seront la moitié, puis les deux tiers du peuple nouveau. L’avenir appartient à ces fils du pays, nés de sa substance et nourris de son air ; mais il serait lamentable pour l’Algérie, pour la France, notre mère, et pour la race entière des hommes que cet avenir éclairât un cimetière où deux peuples dormiraient : le Berbère des adrars, des tamgouts et des acifs, l’Arabe des djébels et des oueds.

Il n’est pas dans le génie de la France d’écraser les enfants contre la muraille. Le Romain, l’Anglais, le Péninsulaire, ont détruit plus de peuples que nous. C’est là notre gloire, comme c’est leur honte d’avoir traîné tant de nations à la paix du Campo Santo.

Aimer les Indigènes, c’est notre strict devoir, ce sera notre honneur.

Nous les amènerons à nous en leur donnant notre