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COLONIES FRANÇAISES.

nieux chefs-d’œuvre, une Rome dont nous ignorons les gloires et les crimes, une Thèbes incapable de résister au temps comme la Thèbes du Nil. Ciel d’airain, l’Égypte éternise ; sol de sable, buis clairs, palmiers sans lianes, elle peut ensevelir mais elle ne ronge pas ; ciel de pluies, forêt touffue, racines mordantes, plantes étouffantes, lianes grimpantes, le Cambodge dévore avant d’ensevelir.




CHAPITRE III

COLONIES D’OCÉANIE


1o Nouvelle-Calédonie. — Découverte en 1774 par Cook, illustre navigateur anglais, la Nouvelle-Calédonie nous appartient depuis 1853. Son nom, tout à fait insensé, rappelle un pays brumeux, l’Écosse ; or, cette île océanienne est chaude, sous des cieux étincelants.

Inclinée du nord-ouest au sud-est, à 1 300 kilomètres à l’orient des côtes du Queensland (Australie), sa pointe septentrionale est presque effleurée par le 20e degré de latitude sud, et sa pointe méridionale finit entre le 22e et le 25e degré. Elle a 375 kilomètres de long sur 48 à 60 de large, et 1 830 000 hectares : 1 972 000 avec les îles Loyauté, ses dépendances.

Elle a donc la grandeur de trois départements moyens. Des récifs madréporiques, ceinture dangereuse, l’environnent ; ils font office de brise-lames et sont coupés de passes menant à des eaux tranquilles. De nombreuses baies, quelques-unes vastes et sûres, s’ouvrent sur ces flots calmes et reçoivent des torrents sans longueur, la haute montagne étant voisine.