nappes d’air froid ; ou les voit alors serpenter en rampant dans les ravins ou cheminer le long des arêtes en s’effrangeant aux roches aiguës. Tantôt ce sont de gros nuages qui cachent à la fois toute une pente de la montagne ; à travers leur masse épaisse, qui grossit ou diminue, se déplace ou se déchire, on distingue de temps en temps la cime bien connue, d’autant plus superbe en apparence qu’elle semble vivre et se mouvoir entre les vapeurs tournoyantes. D’autres fois, les nappes aériennes superposées et de températures différentes sont parfaitement horizontales et distinctes comme des strates géologiques ; les nuages qu’on y voit naître ont une forme analogue : ils sont disposés en bandes régulières et parallèles, cachant ici des forêts, là des pâturages, des neiges et des rochers, ou les voilant à demi comme une écharpe transparente. Parfois encore les cimes, les pentes supérieures, toute la haute montagne est noyée dans la lourde masse des nues, semblable à un ciel gris ou noir qui se serait abaissé vers la terre ; la montagne s’éloigne ou se rapproche suivant le jeu des vapeurs
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Apparence