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HISTOIRE D’UNE MONTAGNE.

masses glacées, qui resplendissent aux rayons solaires comme des plaques d’argent. La nuit, un doux reflet, comme celui d’un monde lointain, révèle les hautes neiges de la montagne.

Les pentes moyennes, les promontoires inférieurs, sont fréquemment recouverts de couches neigeuses. Déjà, vers la fin de l’été, lorsque les torrents ont emporté dans les plaines l’eau fondue des avalanches, que les arbres ont secoué le poids de neige qui faisait plier leurs branches, et que les petites mousses elles-mêmes, en réchauffant l’espace environnant, se sont débarrassées des flocons de neige qui les entouraient, un soudain refroidissement de l’atmosphère transforme en neige les vapeurs des montagnes. La veille, tous les contreforts des monts et les pâturages alpestres étaient complètement dégagés de frimas ; on distinguait nettement la couleur brune ou jaunâtre des roches nues, le vert des forêts et des gazons, le rouge des bruyères. Le matin, quand on se réveille, la blanche robe neigeuse a recouvert jusqu’aux promontoires avancés. Toutefois, ce vêtement de neige, ce blanc manteau