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L’ÉTAGEMENT DES CLIMATS.

Quand le terrain change, que la roche succède à l’humus ou que l’argile remplace le sable, un grand nombre de plantes cèdent aussi la place à d’autres. Mêmes contrastes, si l’eau détrempe la terre ou qu’elle manque dans le sol altéré, si le vent souffle librement dans toute sa fureur ou s’il rencontre des obstacles servant d’abri contre sa violence. À l’issue des cols où s’engouffrent les tempêtes, certaines pentes sont tellement balayées par cette âpre haleine, qu’arbres et arbustes s’arrêtent sous ce redoutable souffle, comme ils s’arrêteraient devant un mur de glace. Ailleurs, la végétation varie suivant la raideur des escarpements. Sur les falaises verticales, il n’y a que des mousses ; des broussailles seulement peuvent s’attacher aux parois très inclinées des précipices ; que la pente soit moins forte, mais encore ingravissable à l’homme, les arbres rampent sur les rochers et s’ancrent dans les fissures par leurs racines ; sur les terrasses, au contraire, les tiges se redressent, les feuillages s’épanouissent. L’essence des arbres varie d’ordinaire autant que leur altitude. Là où la différence des pentes est causée