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HISTOIRE D’UNE MONTAGNE.
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par celle des assises rocheuses que les agents atmosphériques ont plus ou moins entamées, la montagne offre une succession d’étages parallèles de végétation, du plus bizarre effet. Les pierres et les plantes changent à la fois, en alternances régulières.

De tous les contrastes de végétation, le plus important dans son ensemble est celui que produit la différence d’exposition aux rayons du soleil. Que de fois, en pénétrant dans une vallée bien régulière, dominée par des versants uniformes, l’un tourné vers le nord, l’autre exposé en plein midi, peut-on voir combien cette différence de lumière et de chaleur modifie la végétation sur les deux pentes ! Souvent le contraste est absolu ; on dirait deux régions de la terre distantes de quelques centaines de lieues l’une de l’autre. D’un côté sont les arbres fruitiers, les cultures, les opulentes prairies ; en face, il n’y a ni champs, ni jardins, mais seulement des bois et des pâturages. Même les forêts qui croissent vis-à-vis, sur les deux versants, consistent en essences diverses. Là-haut, sous la pâle lumière reflétée par les cieux du nord, voici les sapins aux