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LES SOMMETS ET LES VALLÉES.

vasse des flancs ; de petits volcans secondaires naissent çà et là sur les pentes du mont principal et en bossellent la surface. Le vent lui-même travaille à lui donner la forme irrégulière, en faisant retomber où il lui plaît les nuages de cendres vomis pendant les éruptions.

Mais pourrait-on comparer notre montagne, vieux témoin des âges d’autrefois, à un volcan, mont né d’hier à peine et n’ayant pas encore subi les assauts du temps ? Depuis le jour où le point de la terre où nous sommes prit sa première rugosité, destinée à se transformer graduellement en montagne, la nature, qui est le mouvement, la transformation incessante, a travaillé sans relâche à modifier l’aspect de cette protubérance : ici elle a exhaussé la masse ; ailleurs elle l’a déprimée ; elle l’a hérissée de pointes, parsemée de coupoles et de dômes ; elle en a ployé, plissé, raviné, labouré, sculpté à l’infini la surface mouvante, et maintenant encore, sous nos yeux, le travail se continue.

À l’esprit qui contemple la montagne pendant la durée des âges, elle apparaît aussi flot-