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HISTOIRE D’UNE MONTAGNE.

mense panorama des campagnes est beau dans son ensemble, avec les villes, les villages et les maisons isolées qui paillettent çà et là l’étendue. Sous la lumière qui les baigne, les taches se fondent avec ce qui les entoure en un tout harmonieux ; l’air déroule sur la plaine entière son manteau de pâle azur.

Grande est la différence entre la vraie forme de notre montagne si pittoresque, si riche en aspects variés, et celle que je lui donnais dans mon enfance à la vue des cartes que me faisait étudier le maître d’école. Je me figurais alors une masse isolée d’une régularité parfaite, aux pentes égales sur tout le pourtour, au sommet doucement arrondi, à la base gracieusement infléchie et se perdant insensiblement dans les campagnes de la plaine. De montagnes semblables, il n’en est point sur la terre. Même les volcans, qui surgissent isolément, loin de tout massif, et qui grandissent peu à peu en épanchant latéralement sur leurs talus des cendres et des laves, n’ont point cette régularité géométrique. La poussée des matières intérieures se produit tantôt dans la cheminée centrale, tantôt par quelque cre-