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HISTOIRE D’UNE MONTAGNE.

laboureurs, mirmidons presque invisibles, s’épuiser de fatigues pour obtenir des récoltes qu’un maître devait leur ravir ; jusque sous le toit des demeures, ils voyaient pleurer les femmes et se lamenter les enfants. Au loin, leur ennemi Prométhée gémissait sur un roc du Caucase. Tels étaient les bonheurs des dieux.

Est-ce que jamais un Hellène, berger, prêtre ou roi, osa gravir les pentes de l’Olympe au-dessus des hauts pâturages de ses vallons et de ses croupes ? Un seul se hasarda-t-il, en mettant le pied sur la grande cime, à se trouver tout à coup en présence des terribles dieux ? Les écrivains antiques nous disent que des philosophes n’ont pas craint d’escalader l’Etna, pourtant beaucoup plus élevé que l’Olympe ; mais ils ne mentionnent aucun mortel qui ait eu l’audace de gravir la montagne des Dieux, même au temps de la science, à l’époque où le philosophe enseignait que Zeus et les autres immortels étaient de pures conceptions de l’esprit humain.

Plus tard, d’autres religions, chez des peuples divers, qui vivent dans les plaines envi-