Page:Reclus - Histoire d'une montagne, 1880.djvu/298

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
289
L’HOMME.

que sa propre vie ; il a gardé ses mains pures.

Dans les grandes ascensions, le danger est souvent bien proche, et à chaque minute on risque la mort ; mais on avance toujours et on se sent soutenu, soulevé par une forte joie, à la vue de tous ces périls que l’on sait éviter par la solidité de ses muscles et sa présence d’esprit. Fréquemment, il faut se tenir sur une pente de neige glacée où le moindre faux pas vous lancerait aux précipices. D’autres fois, on rampe sur un glacier en s’accrochant à un simple rebord de neige qui, en se brisant, vous laisserait tomber dans un gouffre dont on ne voit pas le fond. Il arrive aussi qu’on doit escalader des parois de rochers dont les saillies sont à peine assez larges pour que le pied y trouve place, et que recouvre une croûte de verglas, palpitant pour ainsi dire sous l’eau glaciale qui s’épanche au-dessous. Mais tels sont le courage et la tranquillité d’esprit, que pas un muscle ne se permet un faux mouvement, et tous s’harmonisent dans leurs efforts pour éviter le danger. Un voyageur glisse sur une roche d’ardoise polie et très inclinée, que coupe brusquement un préci-