Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/14

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

res, à l’ombre discrète des grand arbres, ou bien qu’elle s’élève avec bruit d’une fissure de la roche, comment ne pas se sentir fasciné par cette eau qui vient d’échapper à l’obscurité et reflète si gaiement la lumière ? En jouissant nous-mêmes du tableau ravissant de la nature, il nous est facile de comprendre pourquoi les Arabes, les Espagnols, les montagnards pyrénéens et tant d’autres hommes de toute race et de tout climat ont vu dans les fontaines des « yeux » par lesquels les êtres enfermés dans les roches ténébreuses viennent un moment contempler l’espace et la verdure. Délivrée de sa prison, la nymphe joyeuse regarde le ciel bleu, les arbres, les brins d’herbes, les roseaux qui se balancent ; elle reflète la grande nature dans le clair saphir de ses eaux, et sous ce regard limpide nous nous sentons pénétrer d’une mystérieuse tendresse.

De tout temps la transparence de la source fut le symbole de la pureté morale ; dans la poésie de tous les peuples, l’innocence est