Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/147

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tive ; elles se dirigent vers la droite, mais une autre molécule les faits dévier à gauche. Dans le lit commun, chaque gouttelette a son cours particulier, bizarre série de courbes verticales, horizontales, obliques, comprises dans les grands méandres du ruisseau : c’est ainsi que les circuits d’une planète se développent dans l’immense orbite du système solaire qui les entraîne.

Pris dans son ensemble, le ruisseau tout entier se déplace de côté et d’autre comme les gouttes qui les composent. Sa masse, arrêtée par quelque roche ou par un tronc d’arbre placé en travers du lit, glisse latéralement et va se heurter contre une berge. Repoussée par l’obstacle, elle rebondit vers la rive opposée, la frappe, et de nouveau rejetée obliquement, s’élance en sens inverse. Ainsi le courant se porte incessamment d’un bord à l’autre par courbes successives : de la source à l’embouchure, c’est un long ricochet de l’eau entre les deux rivages. Les rondeurs convexes et concaves alternent le long des