Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/149

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se penchant au-dessus du flot, on voit se développer au loin, comme dans une allée, la perspective des troncs et des branches reflétée dans l’eau, çà et là rayée de lumière ; toutefois là aussi, l’avenue, presque droite en apparence, finit par aboutir à un méandre, auquel succèdent d’autres tours et détours, jusqu’à ce que le ruisseau se mêle aux eaux d’un fleuve pour aller s’engloutir dans la mer.

Les cours d’eau qui présentent de la manière la plus charmante cette succession rhythmée des anses et des presqu’îles sont les torrents étalés à l’aise dans un large lit de sables ou de galets et les ruisseaux ou les rivières qui coulent dans les prairies, entre des berges sablonneuses, s’éboulant facilement sous la pression du flot. Tels sont les bords de notre ruisseau dans presque toute la partie de son cours qui commence au sortir des montagnes. Comme tant d’autres eaux courantes chantées par les poëtes, il rappelle à l’imagination le serpent qui glisse dans