Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/150

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l’herbe en déroulant ses anneaux. Vu du haut d’une colline, les méandres brillent à la lumière comme les plis et les replis de couleuvres aux reflets argentés ; seulement, plus grands que les dragons de l’antique mythologie, ces gigantesques serpents ont pour lit une vallée qui s’étend à perte de vue, depuis les montagnes jusqu’aux plaines basses ou même aux plages sablonneuses de l’océan. Dans presque toutes les contrées du monde, les campagnards ont naturellement eu l’idée d’assimiler la source du ruisseau à la tête de l’immense animal : la fontaine jaillissante est pour eux le Chef de l’Eau, Ras el Aïn. Ainsi la rivière de Drot, dans le midi de la France, serpente du village de Cap-Drot ou Chef-Drot, qui le domine à la source, à celui de Cau-Drot ou Queue-Drot, qu’il baigne à son embouchure dans la Garonne.

Comme notre ruisseau, comme toutes les rivières et tous les fleuves, comme ce tortueux Méandre d’Asie qui a donné son nom aux sinuosités des cours d’eaux, les ruisselets