Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/152

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à l’œil nu, qu’y voyons-nous sinon des courants sinueux et des remous circulaires, comme dans les fleuves et dans le grand océan ? Le voyage de l’eau qui descend de la montagne vers la mer se fait par un circuit de courbes s’entrecroisant à l’infini. Est-ce pour cela que la légende germanique nous représente les ondines des ruisseaux planant la nuit en vastes rondes et rasant du pied la nappe des fontaines ?

C’est au-dessus de ces remous et des tourbillons que les danses de ces nymphes entrevues par les poëtes doivent être interminables, car l’eau y tournoie sans fin comme en un cercle qui n’a point d’issue. Au pied d’une cascade, un promontoire de rocher, assiégé par le torrent d’écume, protège de sa masse un bassin tranquille où tournoient ainsi les eaux rejetées latéralement par le flot. Rien de plus gai à première vue, et de plus attristant à la longue que le spectacle offert par le mouvement d’un objet qui s’est égaré dans le remous en tombant avec la cascade. Un gland de chêne