Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/163

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et en même temps changent aussi la place des tourbillons, la forme des nappes et des ondulations, la hauteur des cascatelles, l’immersion des plantes et des racines d’arbres. Il serait facile d’apercevoir toutes ces petites variations du flot si au lieu de mesurer l’eau d’un regard distrait, on en constatait la hauteur au moyen d’instruments de précision. D’ailleurs, si les oscillations du ruisseau sont très-faibles pendant les beaux jours, alors qu’on aime à se promener au bord de l’eau courante, elles sont au contraire fortes et soudaines après les brusques changements de température et les grandes averses. Que malgré la pluie, le vent et l’orage, on ne craigne pas de s’installer sur la rive, à l’abri précaire qu’offre le tronc d’un saule creusé par le temps, et l’on verra combien le ruisseau peut se gonfler avec rapidité, comment il double la vitesse de son courant, emplit son lit jusqu’aux bords et dépasse les berges pour se déverser dans les champs en culture.

Dans les gorges des montagnes, les crues