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Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/166

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lointaine, sembla disperser dans le ciel les lambeaux de nuées, de même qu’un navire écarte de sa proue les îlots d’algues flottantes.

Plein de confiance, et fatigué par une longue course, je ne perdis point mon temps à chercher un gîte. La plage de sable fin brillait aux rayons de la lune et je voyais sans peine qu’elle m’offrirait une couche agréable, plus douce et moins humide que l’herbe de la forêt ; en outre j’étais sûr de ne pas mettre dans les ténèbres la main sur un serpent endormi, et contre tout autre animal, j’avais l’avantage de me trouver dans un espace libre d’où je pouvais, à la moindre alerte, discerner mon ennemi. Je me débarrassai de mon havresac pour en faire un coussin, je débouclai ma ceinture, et la main sur mon couteau, je m’assoupis. Heureusement, les moustiques ne cessèrent de troubler mon repos ; tout en dormant d’un sommeil indécis, je laissais mon oreille encore vaguement ouverte aux bruits du dehors ; j’enten-