Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/217

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la chaleur de la vie et jouir de votre vigueur accrue. O lacs aimés des Pyrénées et des Alpes, Séculéjo, Doredom, Lauzannier, je vous revois toujours, par la mémoire, tels que je vous ai vus, alors qu’avec des amis, je glissais rapidement à votre surface. Je vois les blocs de granit entassés sur le bord, la forêt de sapins qui se reflète dans l’eau ridée, les escarpements, les hautes terrasses de pâturages, et plus loin les glaciers sourcilleux d’où s’élance la courbe ondoyante de la cascade ! Je vous vois aussi, belles sources des grands fleuves, qui allez vous perdre dans la mer à des centaines de lieues de votre origine. Que je ferme seulement les yeux et ma pensée se reporte aussitôt vers un joyeux torrent, la Vésubie, la Gordolasque, la bruyante Embalire ou vers tel autre gave de la libre montagne !

Au printemps, le ruisseau de la plaine ne donne plus cette forte volupté de réagir contre le froid glacial de l’eau, et les plongeons n’ont plus rien qui puisse épouvanter. La