Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/230

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d’une masse de chair solide. Dans son imprévoyance avide, il a même exterminé en entier nombre d’espèces qui vivaient jadis dans les ruisseaux. Non-seulement il s’est servi de filets qui barrent la masse d’eau et en emprisonnent toute la population, il a eu aussi recours au poison pour détruire d’un coup des multitudes et faire une dernière capture plus abondante que les autres.

Toutefois, les vrais pêcheurs, ceux qui tiennent à honneur de s’appeler ainsi, réprouvent ces moyens honteux de destruction en masse qui ne demandent ni sagacité, ni connaissance des mœurs du gibier. D’ailleurs, par un contraste qui semble étrange au premier abord, le pêcheur aime toutes ces pauvres bêtes dont il s’est fait le persécuteur, il en étudie les habitudes et le genre de vie avec une sorte d’enthousiasme, il cherche à leur faire découvrir des vertus et de l’intelligence ; comme le chasseur qui parle des hauts faits du renard ou du sanglier, il s’exalte à raconter les finesses de la carpe et