Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/246

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et d’herbages, et sert ainsi indirectement à la nourriture de l’homme par les tubercules, les tiges, les feuilles, les fruits, les graines qu’elle développe. C’est principalement dans le travail agricole que le ruisseau se fait l’auxiliaire de l’humanité.

Après le soleil, qui renouvelle toutes choses par ses rayons, l’air, qui par ses vents et le mélange incessant des gaz est comme le souffle de la planète, l’eau du ruisseau est le principal agent de rénovation. Dans l’amour infini du changement qui nous possède, c’est avec ravissement que nous écoutons le récit des métamorphoses, surtout ceux d’entre nous qui sont encore enfants et que la connaissance des inflexibles lois ne trouble pas dans leur crédulité naïve. En lisant les Mille et une nuits, notre esprit se complaît à voir les génies se changer en vapeurs, ou les monstres naître d’une traînée de sang ; nous aimons à suivre les objets de la nature dans toutes les formes qu’ils affectent successivement, de même que dans l’air échauffé du désert nous