Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/274

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reste en quelque coin un nourrisson réclamant en vain sa mère par des vagissements plaintifs. Le pauvre enfantelet, enveloppé de langes humides, est encore tout chétif, à cause du manque d’air et de soins ; tôt ou tard, il sera rongé de scrofules, à moins qu’une maladie quelconque, phtisie, variole ou choléra, ne l’emporte avant l’âge.

Ainsi tout n’est pas joie et bonheur sur les bords de ce ruisseau charmant où la vie pourrait être si douce, où il semble naturel que tous s’aiment et jouissent de l’existence. Là aussi la guerre sociale est en permanence ; là aussi les hommes sont engagés dans la terrible mêlée de la « concurrence vitale » De même que les monades ou les vibrions de la goutte d’eau cherchent à s’arracher la proie les uns aux autres, de même sur la berge chaque plante cherche à prendre à sa voisine sa part de lumière et d’humidité ; dans le ruisseau, le brochet s’élance sur l’épinoche, et celle-ci happe le goujon ; tout animal est pour quelque autre