Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/294

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viennent directement, et c’est alors que les hardis compagnons ont besoin de toute la vigueur de leurs jarrets, de toute l’agilité de leurs bras, de toute la netteté de leur regard, de toute l’énergie de leur volonté. Un tronc d’arbre reste engagé dans un remous et tournoie en désespéré au-dessus d’un gouffre : c’est au bûcheron de le dégager de l’étreinte du tourbillon ; armé de sa perche au fer pointu, il descend au flanc de la roche de saillie en saillie, au risque de tomber lui-même dans le tournant des eaux, il s’accroche d’une main à une forte racine, et de sa perche repousse le tronc hors du cercle fatal dans le fil du courant. Plus loin, un autre arbre s’est butté contre un promontoire et, la tête prise dans une anfractuosité du roc, vibre sous la pression de l’eau, impuissant à recommencer sa course. Le sauveteur est obligé d’entrer dans le flot jusqu’à mi-corps et de saisir le tronc pour l’extraire des tenailles de la roche et de le relancer vers le milieu du ruisseau. Ailleurs, dans un défilé, une bille