Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/309

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sorte que la ville ressemble à ces polypes dont l’unique orifice s’ouvre à la fois à la nourriture et aux déjections. Toutefois, dans la plupart des avenues souterraines de nos cités, on a eu soin d’établir une certaine séparation entre les deux courants. Des tubes de fer juxtaposés servent de lit à deux ruisselets coulant en sens inverse : l’un est le flot d’eau pure qui va se ramifier dans les maison, l’autre est la masse d’eau souillée qui s’en échappe. Comme dans le corps de l’animal, les artères et les veines s’accompagnent ; un cercle non interrompu se forme entre le courant qui porte la vie et celui qui donnerait la mort.

Malheureusement, l’organisme artificiel des cités est encore bien loin de ressembler pour la perfection aux organes naturels des corps vivants. Le sang veineux, chassé du cœur dans le poumon, s’y renouvelle au contact de l’air : il se débarrasse de tous les produits impurs de la combustion intérieure et, recevant du dehors l’aliment de sa propre