Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/321

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fleuves déroulent chacun de leur côté les longs méandres de leur cours. Les eaux, rejetées d’une rive à l’autre, rasent le pied de la dernière colline et reflètent les tours de la dernière cité. Déjà les fumées qui s’élèvent des maisons se confondent avec les brumes lointaines, et sur les rivages, bordés d’ypréaux à l’écorce argentée, ne se montrent plus que des cabanes et de rares villas à demi perdues dans la verdure. Enfin, la dernière maison est également dépassée ; on se trouverait en pleine solitude, si quelques noires embarcations, semblables à de grands insectes, ne voguaient sur le fleuve. Les arbres du bord deviennent de plus en plus rares, et s’abaissent en hauteur ; bientôt ce ne sont plus que des broussailles ; puis celles-ci disparaissent à leur tour : il ne reste plus d’autre végétation que celle des roseaux sur le sol encore boueux, affleurant à peine au-dessus de l’eau terreuse.

Ici, l’antique nature se revoit telle qu’elle existait, il y a des milliers de siècles, avant