Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/35

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les demeures en aspergeant le sol, s’appelle le « paradisiaque. »

Sur les côtes du Pérou et de la Bolivie, où l’eau pure est aussi des plus rares, c’est avec une sorte de désespoir que l’on regarde souvent l’étendue sans bornes des vagues salées. La terre est aride et jaune, le ciel est bleu ou d’une couleur d’acier. Parfois il arrive qu’un nuage se forme dans l’atmosphère : aussitôt la population s’assemble pour suivre des yeux la gracieuse vapeur qui s’effrange trop tôt dans l’espace sans se condenser en pluie. Cependant après des mois et des années d’attente, un heureux remous des vents fait enfin crever la nuée au-dessus de la côte. Quelle joie que celle de voir s’écrouler cette ondée ! Les enfants s’élancent hors des maisons pour recevoir l’averse sur leur dos nu, et se baignent dans les flaques avec des cris de joie ; les parents n’attendent que la fin de l’orage pour partir aussi et jouir du contact de molécules humides qui flottent encore dans l’atmosphère. La pluie qui vient de