Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/40

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entendent murmurer au pied des arbres. Aussi quel soin religieux les habitants de l’oasis mettent-ils à utiliser chaque goutte du précieux liquide ! Ils divisent la source en une multitude de filets distincts, afin de répandre la vie sur la plus grande étendue possible et tracent à toutes ces petites veines d’eau le chemin le plus direct vers les plantations d’arbres et les cultures. Ainsi employé jusqu’à la dernière goutte, la source ne va point se perdre en ruisseau dans le désert : ses limites sont celles de l’oasis elle-même : là où croissent les derniers arbustes, là aussi les dernières artérioles de l’eau s’arrêtent dans les racines pour se changer en sève.

Étrange contraste de choses ! Pour ceux qui l’habitent, l’oasis est presque une prison ; pour ceux qui la voient de loin ou qui la connaissent seulement par l’imagination, elle est un paradis. Assiégée par l’immense désert, où le voyageur égaré ne peut trouver que la faim, la soif, la folie, la mort peut-