Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/47

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voyagent suivant les saisons de l’une à l’autre extrémité de la mer des herbes ; mais leurs points de ralliement sont toujours les fontaines, et c’est de la plus ou moins grande abondance des sources que dépend la puissance de la tribu, L’institution du patriarcat, chez les Sémites de l’Asie occidentale et chez tant d’autres races du monde, était due surtout à la rareté des eaux jaillissantes.

La fière cité grecque, et avec elle cette admirable civilisation des Hellènes, qui de tout temps restera l’éblouissement de l’histoire, s’expliquent aussi en grande partie par la forme de l’Hellade, où de nombreux bassins que séparent les uns des autres des collines élevées et des montagnes, ont chacun leur petite famille de ruisselets et de rivières. Peut-on s’imaginer Sparte sans l’Eurotas, Olympie sans l’Alphée, Athènes sans l’Illyssus ? D’ailleurs les poètes grecs ont su reconnaître ce que devait leur patrie à ces faibles cours d’eau qu’un sauvage de l’Amérique ne daignerait pas même regarder. L’aborigène