Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/61

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teurs calcaires coupées à pic, et se continuant par de vastes plateaux faiblement arrondis. Chaque sommet a sa vie propre, dirait-on ; comme un être distinct, il a son ossature particulière et sa forme extérieure correspondant ; chaque ruisselet qui découle de leurs flancs a son cours et ses accidents propres, son babil, son murmure ou son grondement à lui.

La source qui naît à la plus grande hauteur et fournit la plus longue course jusqu’à la vallée, est celle du pic le plus élevé. Bien souvent, dans les journées pluvieuses, ou même lorsqu’un beau soleil éclairait les campagnes d’en bas, nous avons vu, d’une distance de plusieurs lieues, la fontaine se former dans les hauteurs de l’air. Une nuée blanche s’élève comme une fumée de la cime lointaine, elle grandit, enveloppe les pâturages et s’effrange en flocons pourchassés du vent. « La montagne met son chapeau, » dit le paysan, et ce chapeau de nuages n’est autre chose que la source sous une autre