Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/62

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après avoir été nuage, brouillards, pluie traînante, elle va reparaître fontaine à quelques centaines de mètres plus bas, dans une crevasse de rochers ou dans un léger pli de terrain.

En hiver et même au printemps, c’est comme neige que le vent dépose sur les hauteurs l’eau qui doit rejaillir du sol en source permanente. Les nuées grisâtres qui s’attachent au sommet ne s’évaporent point sans avoir laissé de traces de leur passage ; à l’endroit où l’on voyait d’en bas le vert des pâtis s’étend maintenant une nappe éblouissante de neiges. Cette blanche couche de flocons, c’est encore sous une nouvelle forme le nuage de vapeurs qui se condensaient dans l’espace, ce sera bientôt le ruisseau qui s’élance joyeusement vers la plaine. Tandis que la surface de la neige tombée se glace et se durcit dans la froide atmosphère de l’hiver, surtout pendant les nuits, un sourd travail s’accomplit au-dessous du grand laboratoire de la montagne : les gouttelettes que le soleil a fondues