Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/89

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ruisseau, puis les terres, manquant de base, avaient été graduellement entraînées vers la plaine ; peu à peu le Grand-Trou s’était creusé, et les pluies, courant le long de ses pentes, lui avaient donné la forme d’un entonnoir à peu près régulier. Les paysans des environs, qui pensent toujours à leurs récoltes, l’appellent le « Boit-tout », parce qu’il boit en effet toutes les pluies, toutes les averses qui pourraient fertiliser leurs champs. L’eau surabondante tombée sur le plateau s’épanche dans le trou en filets jaunes d’argile pour reparaître ensuite dans la source, dont elle trouble pendant quelques heures la pureté de cristal.

Le gouffre qui m’effrayait tant dans mon enfance n’est pas le seul qui se soit ouvert au-dessus des galeries profondes. En suivant la partie la plus basse d’une sorte de plissement du sol dans le plateau, on passe à côté de plusieurs autres cavités, qui indiquent aux promeneurs le cours souterrain des eaux. Ils diffèrent tous de forme et de grandeur. Les