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chrétiens et juifs

le meurtre d’enfants chrétiens dont le sang devait servir à la préparation du pain de la Pâque. Il est curieux que cette accusation soit précisément une vieille arme employée jadis par les païens contre les chrétiens eux-mêmes[1]. Les calomnies féroces sont de tous les temps et servent à tous les partis. Qu’il y ait eu de part et d’autre des scélératesses commises, infanticides et autres, on ne saurait en douter, mais il est non moins certain qu’elles furent surtout le fait des chrétiens, puisque ceux-ci ont presque toujours disposé de la force et furent les persécuteurs.

N° 257. Répartition des Chrétiens vers l’An 180

Cette carte est dressée d’après E. Renan : Index général de l’Histoire des Origines du Christianisme.

Durant le IIIe siècle, on voit de nouvelles églises surgir en Italie, dans l’Espagne méridionale, ainsi qu’en Sicile et en Tripolitaine. Quant aux Gaules, si l’on excepte Lyon qui eut une église en l’an 168, il n’y avait encore au milieu du IIIe siècle aucune trace sérieuse de christianisme ; en réalité l’évangélisation y date de saint Martin (Remy de Gourmont).


Tandis que le christianisme divorçait violemment d’avec les Juifs, il se substituait aux anciens cultes païens autant que le permettait la rigidité des dogmes : le clergé reconstitué s’occupait maintenant d’introduire de l’ordre dans le chaos et d’interpréter toutes choses au mieux de son intérêt. Il a fait un choix entre les Évangiles canoniques

  1. H. L. Strack, Le Sang et la fausse Accusation du Meurtre rituel, pp. 28 et ss.