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l’homme et la terre. — les communes

anciennes cathédrales, on y trouve sans cesse mention des actes passés par les notaires dans les diverses chapelles qui constituaient autant d’édicules ayant destinations distinctes[1].

La région dans laquelle l’art ogival prit sa forme définitive est précisément cette partie de la France septentrionale où se mélangèrent le mieux les éléments, celtique et germanique, d’où sortit la nationalité française. Elle est comprise entre les points extrêmes de Chartres, Rouen, Amiens, Reims, et les villes de Beauvais, Compiègne, Soissons, disposées de l’ouest à l’est transversalement à la vallée de l’Oise, constituant l’axe de ce pays si étonnant dans l’histoire de l’art, moins encore par ses magnifiques constructions civiles et religieuses que par les humbles demeures et les fermes qui nous restent du moyen âge.

Légende des Cartes nos 331, 332, 333.
Les listes dressées par C. Enlart dans son Manuel d’Archéologie Française comptent plus de 1 500 églises romanes et autant d’églises gothiques, sans compter les édifices de transition (Angers, Evreux, etc.) et ceux de style flamboyant (Aix, Auch, etc.).

La carte 331 n’indique qu’un choix, arbitraire sans doute, des mieux conservées parmi les églises bysantines ; la carte 332 ne mentionne que les églises, dites cathédrales, sans distinction de style ; la carte 333 donne les 27 plus belles églises anglaises. Quelques-unes d’entre elles, Canterbury, commencée en 1070, Durham en 1093 (voir gravure page 565, Vol. III), Norwich en 1094, représentent la période normande ; la plupart des autres sont franchement gothiques. — Sur cette carte, R, Cl, L, remplacent respectivement Runnymede, Clarendon, Lewes, citées au chapitre suivant.

Comparée à la construction française, la cathédrale anglaise est plus longue (Winchester atteint 170 m. avec la chapelle de la Vierge), moins haute (Westminster, la plus élevée, seule dépasse notablement la moitié hauteur de Beauvais, 47 m.), moins large de nef ; le transept fait largement saillie sur les bas côtés, la tour la plus importante est située à l’intersection des voûtes, le chevet est généralement rectangulaire. Voici les dimensions de quelques édifices des deux pays avec la date d’érection[2].

Salisbury 
(1220-1258) long. int. 137 m. larg. nef 25 m. haut. nef 26 m.
Westminster 
(1245-1269) 154 23 32
York 
Fin du xiiie s. 147 32 28
Winchester 
(1360-1400) 162 26 23
Bourges 
(1192-1324) 124 42 38
Chartres 
(1194-1260) 134 transept 76 37
Rouen 
(1202-1302) 135 facade 54 28
Amiens 
(1220-1258) 143 nef 52 43


Les petits édifices religieux, élevés à cette époque en l’espace de quelques années et présentant, grâce à cette rapidité de construction, une parfaite ! harmonie d’ensemble dans toutes leurs parties, sont plus instructifs pour les hommes d’étude que les grandes cathédrales, achevées presque toutes au quatorzième siècle, lorsque le premier élan des fondateurs avait fait place chez les continuateurs à la lassitude, même à un sentiment d’impuissance, ou bien à la virtuosité. Quelques-unes de ces petites

  1. Thorold Rogers, cité dans Humanité Nouvelle, juillet 1898, p. 117
  2. Bruce Home, Notes manuscrites.