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Page:Reclus - L'Homme et la Terre, tome IV, Librairie universelle, 1905.djvu/448

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l’homme et la terre. — colonies

vingt jours, auxquels on ajoutait cinq jours supplémentaires, puis douze ou treize jours, suivant les calculs, après chaque cycle de cinquante-deux : années, considéré comme la période normale de l’activité humaine. Au musée de Mexico, un calendrier sculpté en pierre est l’un des plus précieux monuments de l’ancienne civilisation. Quant aux édifices élevés par les Aztèques, ils ont tous été rasés, à l’exception des pyramides à degrés, temples du soleil, semblables à ceux de la Chaldée ; il en reste encore plusieurs dont toutes les structures de pierre se sont écroulées et qui ressemblent maintenant à des collines naturelles à très large base : des cultures, des arbres et,
Cl. W. H. Holmes.
pyramide sur la cote nord-orientale du yucatan
au sommet, des églises catholiques ont pris la place des anciens ornements architecturaux de la pyramide.

Les Maya furent plus heureux que les Aztèques, car si la persécution politique et religieuse sévit contre eux avec la même violence, ils surent résister plus âprement et même conserver leurs mœurs, leur nationalité, leur indépendance dans les régions de l’intérieur où le plateau calcaire du Yucatan vient s’appuyer sur les avant-monts boisés de la grande chaîne. Lorsque les Espagnols se présentèrent dans le Yucatan ou Mayapan, la « terre des Maya », ceux-ci n’étaient point, semble-t-il, en état de décadence comme les Mexicains de l’Anahuac : moins dominés par les prêtres, étrangers à la religion du sang, aimant les fêtes joyeuses et vivant pacifiquement en des cités non fortifiées, ils étaient en pleine floraison de culture et, certainement, très supérieurs en moyenne à leurs bourreaux, les « conquérants » et les inquisiteurs, qui venaient raser les villes, briser les sculptures et brûler les bibliothèques. D’ailleurs, ils sont restés à maints égards la race dirigeante, puisque, ayant conservé leur langue, ils en ont naturellement imposé l’usage à la grande majorité des Espagnols, devenus les bourgeois des cités et les propriétaires des domaines. Une soixantaine de villes ont encore des restes de