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guelfes et gibelins

plus énergiquement le droit divin des empereurs, maîtres à la fois spirituels et temporels, ce chevalier toujours armé ne fut pourtant pas assez fort pour vaincre la résistance des cités italiennes ; il dut une première fois (1155) passer devant Milan sans en tenter l’assaut, puis,
Bibliothèque Nationale. Cabinet des Estampes.
barberousse
après l’avoir enfin prise et avoir fait le simulacre de la restituer à la campagne par le labour de ses ruines (1162), il eut l’humiliation de lui voir redresser ses édifices et ses remparts, tandis qu’une place forte, Messandria ou Alexandrie, ainsi nommée en l’honneur du pape et construite d’après les procédés techniques les plus savants, s’élevait dans les plaines du Piémont, au foyer stratégique des principales routes militaires. Ces bourgeois méprisés appliquaient contre lui un art de la guerre supérieur au sien. Son armée s’étant fondue, il dut s’enfuir sous un déguisement, au risque, dans les défilés de Suse, d’être pris au passage. Entreprenant une nouvelle campagne, il vient se heurter contre les troupes des communes, groupées autour du grand char de bataille, du carrorio somptueux où flottait l’étendard des hommes libres, et subit, à Leguano (1176), une telle défaite qu’il n’en reprit plus désormais le chemin de la Lombardie. Il dut signer la paix, et dans l’église de Saint-Marc à Venise, s’incliner devant Alexandre III, baiser son pied tendu, vingt ans après avoir tenu l’étrier à Adrien IV.

Un des successeurs de Barberousse, Frédéric II, qui fut élu au début du treizième siècle, reprit la lutte contre les cités lombardes, avec moins de fougue mais avec plus de science, et l’on put un instant croire à sa vic-