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naissance de la nation americaine

révolte commune, il fallait que les puritains de la Nouvelle Angleterre se fussent reconnus solidaires des colons de New-York, parmi lesquels l’élément néerlandais était encore fortement représenté ; il leur fallait en outre s’être plus ou moins assimilé les Suédois du Delaware et les huguenots des deux Carolines ; bien plus, ils avaient à oublier la haine religieuse qui leur faisait envisager avec une sorte d’horreur les catholiques du Maryland, les quakers de la Pennsylvanie et les « cavaliers » aux prétentions aristocratiques de la Virginie.

new-york au dix-septième siècle
C’est sur ce même coin de terre, la pointe de Manhattan, que s’élèvent aujourd’hui des maisons à vingt-cinq étages.

Longtemps chacune des colonies distinctes, contrastant mutuellement par l’origine et par l’histoire, resta dans la dépendance directe de la Grande Bretagne, d’où lui venait l’impulsion vitale, et dont, en mainte circonstance, elle attendait des secours en hommes et en argent. C’est que les immigrants britanniques n’étaient pas venus s’établir sur un territoire inoccupé et que, presque toujours, ils avaient traité en ennemis les indigènes. A l’exception de William Penn, qui sut agir en homme juste et vraiment noble à l’égard des Indiens, les autres fondateurs de colonies se conduisirent contre les peuplades avec la brutalité ordinaire des conquérants. Tout le long de la frontière, sur les montagnes, les forêts, les marécages, la guerre d’extermination sévissait constamment. Au nord, les fils des puritains travaillaient à détruire les Abenaki, Narraganvatt, Pequod, Mohicans et autres appartenant à la grande race des Algonquins ; plus au sud, dans l’Etat actuel de New-York, les Anglais se trouvaient en contact avec les « Cinq nations » des Iroquois dont ils firent leur avant-garde contre la tribu congénère