Page:Reclus - L'Homme et la Terre, tome IV, Librairie universelle, 1905.djvu/73

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
49
villes du nord de la france

contrée, sur les confins des Flandres, les communiers devaient trouver un terrain plus favorable. En l’an 1076, la commune de Cambrai essaie de se fonder d’une façon violente contre l’évêque Gérard II. Un prêcheur populaire, Ramihrdus,

Archives Nationales.
sceaux de communes
1 Rouen   2 Soissons
3 Dijon   4 Maubeuge
5 Dunkerque   6 Pontoise
  7 Meulan  

excitait la foule des artisans à la révolte contre le prélat simoniaque, mais il eut la simplesse de croire au serment de l’évêque et de désarmer. Bientôt la ville fut mise à feu et à sang, et Ramihrdus périssait sur le bûcher. Toute fois, l’ébranlement était donné. En 1101, la commune de Cambrai, rétablie pour un temps, se constitue même en république presque indépendante : elle possède une armée et fait main basse sur les revenus épiscopaux. Un mouvement général d’insurrection se propage de proche en proche, et, malgré les anathèmes, que pouvait l’Eglise contre la « Commune, nom nouveau, nom détestable »[1] ? On vit la plupart des cités épiscopales de la Picardie et pays voisins, Noyon, Beauvais, Laon, Amiens, Soissons se proclamer libres à leur tour. Les villes comtales de la même région obtinrent plus facilement leurs privilèges, maint seigneur étant à demi complice, heureux de trouver dans la bourgeoisie naissante une alliée contre des princes rivaux.

  1. Abbé Guibert de Nogent, cité par A. Luchaire, Les Premiers Capétiens, p. 349.