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la révolution et les antilles

d’années. Toutefois, le régime de l’esclavage africain se substitua à tous les autres modes de travail, et les traitants du Sénégal et autres sociétés privilégiées, anglaises, hollandaises, françaises, rivalisèrent de zèle aux dix-septième et dix-huitième siècles pour la livraison de belles « pièces d’Inde » aux propriétaires établis dans les Antilles.

N° 437. Ile d’Haïti.

Durant le xviie siècle, des colons français s’établirent au nord-ouest de l’île et le traité de Ryswick (1697) reconnut la division d’Haïti entre les Espagnols et les Français. Ceux-ci acquirent la moitié espagnole en 1795. Lorsque les Français eurent été expulsés, des états rivaux se formèrent. Depuis 1844, les deux républiques de Saint-Domingue et d’Haïti se partagent l’île par moitié, est et ouest, avec Santo-Domingo et Port-au-Prince pour capitales.


Les planteurs français qui, dans la partie occidentale de Saint-Domingue, s’étaient substitués aux Espagnols, eurent bientôt la réputation de posséder le plus beau cheptel humain, acquis d’ailleurs, comme celui des autres colonies, par la ruse et de monstrueuses férocités. Le « citoyen » Ducœurjoly, dans son précieux Manuel des Habitants de Saint-Domingue[1], Paris, an X, décrit complaisamment les « quatre moyens les plus généralement employés pour se procurer les nègres nécessaires à la culture ». Le premier moyen, « et le plus productif », était l’enlèvement. La manière de procéder était

  1. Cité par A. Cone, Nos Créoles, pp. 24, 29.